Neil avait trouvé un petit endroit tranquille dans la cour intérieure de sa nouvelle école. C’était un endroit à l’ombre, loin des yeux indiscrets des autres élèves. La couverture que lui offrait le feuillage mature de l’arbre auquel il était appuyé. C’était une journée nuageuse, mais pour le moment, il n’y avait pas la moindre goutte d’eau en vue. Il allait pouvoir être tranquille jusqu’au couvre-feu puisque l’heure du souper venait de passer et qu’il restait quelques heures de soleil avant la nuit et l’heure de se rendre à son dortoir.
Le jeune homme tenait dans ses mains son carnet de dessin. C’était un livret vieux de quelques années qui contenait dans les premières pages, différents shémat de petits objets électroniques que l’on retrouve dans un maison. Puis, avec les deux dernières années, les schémats et plans s’étaient transformés en images cryptiques, d’étranges tableaux qui voulaient montrer les différents avenirs qui pouvaient se présenter. Parfois certains étaient assez clairs pour identifier le lieu de l’évenement et les différentes fins possibles. Parfois, il manquait à Neil des éléments pour se faire une idée puisqu’il ne connaissait pas toujours la personne qui amenait les visions.
Actuellement, le nouvel étudiant était en train de faire les mettre de la couleur sur l’une de ses dernières visions avant d’arriver ici. Il se souvenait assez bien de ce qu’il avait vu et voulait mettre au propre l’esquisse qu’il avait faite quelques heures après l’événement. Ce n’était que maintenant qu’il trouvait le temps pour faire le coloriage.
Il aurait préféré relaxer en cuisinant, mais la cuisine n’était pas permise d’accès aux élèves. Peut-être qu’en ayant un club qui réalisait cette activité ça pourrait changer, mais il fallait encore trouver deux autres élèves qui voudraient bien faire la cuisine avec lui. Déjà qu'il n'était pas très doué à l’école, les classes de rattrapage étaient assez lourdes dès le début de l’année scolaire. Il avait besoin de temps pour lui.
Bref voilà pourquoi il se retrouvait à tenir un crayon de bois bleu indigo entre les mains afin d’accentuer l’ombrage de la mer dans le dessin qu’il complétait. Il était assez concentré qu’il ne remarquait pas vraiment ce qui se passait autour de lui. De toute manière, la cour intérieure était assez déserte dans son coin.
Orion n’aime pas spécialement sortir : ce n’est pas nouveau, enfant, il passait déjà le plus clair de son temps entre les murs de sa chambre, pour finalement se retrouver désormais enfermé dans la bibliothèque. Un peu moins maintenant, néanmoins … au moins pour quelques temps – il n’apprécie pas sa dernière altercation parmi les livres. Son côté rat de bibliothèque se remarque à des kilomètres : sa chemise noire impeccable et ses chaussures à épaisses semelles ne peuvent clairement pas appartenir à un sportif.
Un livre entre les mains, peu d’attention vers ce qu’il se trouve autour de lui, Orion cherche un nouvel endroit pour camper et avancer dans son livre – présentement, un livre d’astronomie assez avancé. Son niveau est bon, peut-être bien meilleur que ce qu’on attend de lui à Helianthus. Après tout, son père a toujours tenu à ce qu’il soit un minimum doué dans ce domaine, sans pour autant en faire son expertise. Bref. Le parc ne l’intéresse pas – de toute façon, il commence à bien le connaître, avec les années ; Il se demande si ce dernier va lui manquer, lorsqu’il aura fini sa scolarité et qu’il sera bien loin de l’école … Animés par ses songes, l’esprit ailleurs, Orion ne passe pas à côté d’une catastrophe.
Ces pieds se mêlent à ceux d’un autre élève, si bien que le Solstice s’étale de tout son long à côté de l’inconnu, écrasant de sa maigre silhouette les affaires de ce dernier. Se mettant rapidement accroupis, le visage rougissant, Orion se confond en excuse. « Je … Excuse moi : je n’étais pas concentré. » Il n’ose pas croiser le regard du garçon, mais ce qu’il sait, c’est que l’élève ne lui dit rien. Evidemment, il ne peut pas connaître tout le monde, mais quand même !
Le brun regroupe comme il peux les différents crayons éparpiller ici et là, se faisant tout petit. Il est gêné, oui, même s’il n’aime pas le montrer. C’est bien le genre de comportement que ses parents n’aiment pas ; ces moments où il a la tête dans les étoiles et qu’il se moque du monde qui tourne autour de lui. Il s’en veut un peu trop, alors que ce n’est qu’une simple chute, qu’un accident comme il en arrive sans doute des dizaines par semaines.
Et finalement, une fois tout rangés, ses yeux se perdent sur ses réalisations. Il ne comprend pas bien ce qu’il voit, et pourtant, il ne peut lâcher le dessin du lieu. « Encore désolé, tu … c’est un travaux d’arts ? » Oui, il ne peux s’empêcher de le questionner, même si de son côté, ce n’est certainement pas une option qu’il a choisi. La musique le touche bien plus que les arts picturaux, et de toute façon, ce n’est pas ce genre de matière qui va l’aider pour son avenir.
« En fait ! Je suis Orion. Tu … Je ne t’ai jamais croisé, je crois. » Il lui tend la main, avec sa politesse caractéristique, mais ne peux s’empêcher de se sentir mal à l’aise. Peut-être car il s’est écroulé sur ses affaires, qui-sait ? Et de son autre main, il cherche son livre d’astronomie, comme si c’est une bouée l’empêchant de sombrer dans la gêne.
Nénuphar
Neil F. Morgan
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Mer 21 Aoû 2024 - 23:05
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Alors que Neil regardait son œuvre pour voir quelle étape serait la suivante, une ombre le surplomba un instant avant que ses jambes ne soient heurtées par une autre personne et que tout s’éparpille autour de lui. Sur le coup de la surprise, le jeune homme ramena ses jambes à lui, laissant plus d’espace pour le nouveau venu.
Ce dernier s’était mis à s’excuser en essayant de ramasser les crayons qui s’étaient enfuis dans plusieurs directions sous l’impact. Son calepin de dessins n’était plus dans ses mains non plus, l’ayant laissé tomber sous le coup de l’émotion vive. Le nouvel étudiant se mmit à observer celui qui avait interrompu son temps calme. Il ne se souvenait pas de ce garçon, mais en même temps, il en avait vu tellement que ce soit au réfectoire ou à la cérémonie d’entrée.
Neil aurait aimé aider le jeune ténébreux à ranger, mais il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire qui n'augmenterait pas l’angoisse de la situation. Après la deuxième excuses et la remarque sur son dessin, le latino-américain sembla retrouver sa voix.
- C’est plutôt quelque chose que je fais dans mon temps libre. Tu n’as pas à t’excuser, j’ai laissé traîner mes jambes et je suis dans un coin assez sombre de la cour…
Alors qu’il terminait de prononcer ces quelques mots, une main apparut devant lui et l’aîné des deux jeunes hommes se présenta. Orion, un nom qu’on entendait pas tous les jours, mais en même temps, les noms c’était fait pour se désigner comme entité unique dans ce monde. Aussi, le garçon qui était tombé ne semblait pas non plus le reconnaître, validant le fait qu’ils ne se connaissaient pas.
- Neil Frederick, mais je n’utilise que le premier. C’est bien la première fois qu’on se voit.
Sur ces mots, il tendit la main pour serrer celle d’Orion. Au contact de la paume de son vis-à-vis, la sensation familière se fit sentir. Alors qu’il ferma les yeux pour se concentrer sur les images qui défilaient dans son esprit, un oeil runique argenté se mit à briller sur son front d’une douce lueur. Difficile d'échapper à la vue de quiconque se trouvait en face de lui.
Une fond blanc où commença à apparaître une écriture noire cursice, de petite pattes de mouches qu’il n’était pas capable de lire même en ce concentrant. Puis des personnages prirent place dans cette drôle de scène. Une magnifique femme habillée de noir dont les cheveux tenait suspendu dans les airs une cage doré. Deux corbeaux faisaient aussi partie du paysage, celui de gauche portait une couronne tandis que celui de droite portait un couvre-chef et il tenait une clé de la même couleur que la cage dans sa bouche. Au pied de la femme qui avait la bouche lié par sa propre cage de fer miniature se trouvait une étendu d’eau où se mélangeait le bleu et le noir, comme si certaine zone était profonde alors que d’autre pouvait être près du rivage. Des fleurs aux longues tiges bordaient le côté droit du dessin.
Le dessin semblait représenter qu’une femme portait le poid d’un secret, d’un être enfermé dans une cache tandis qu’elle s’empêchait de parler ou de dire des choses qui ne devait être dit. Sur son visage, un voile de deuil reposait comme si elle s’était faite à l’idée que les choses seraient dorénavant ainsi. Elle n’osait plus regarder dans la direction de la cage dorée où reposait un tout petit oisillon noir, frêle et mouillé.
Alors que cette vision virait au noir le plus total, Neil rouvrit les yeux en inspirant bruyamment avant de lâcher la main de Orion qu’il serrait toujours. Son souffle était légèrement essouflé et son corps était encore engourdi de s’être tendu par reflexe. Il détourna les yeux, ne sachant que dire au jeune homme devant lui, alors qu’il n’était même pas certain de la manière d’interprêter ce qu’il venait de voir et si cela était réellement lié à celui lui faisant face.
Sans surprise, l'autre garçon chute, s'étale dans l'herbe. Orion, perdu entre sa gêne et tous les crayons colorés fraîchement déplacés, ne sais que dire, émet quelques excuses plein de politesse, poussées par l'image de ses parents critiquant son caractère bien trop tête en l'air. Si bien qu'il se perd encore quelques instants dans les songes de son esprit, avant de revenir à la dure réalité de sa maladresse. Un sourire vient dresser ses lèvres, dissimulant sa gêne sous son image d'enfant bien sage et poli, mais dans le fond, il reste rassuré de ne pas être tombé - littéralement - sur un élève un peu moins détendu.
« Je vois. C'est... intéressant.» Aie - il a peur de passer pour condescendant, ou hautain. La réalité étant que ces images l'intriguent, lui donne envie d'en savoir plus, son bien plus profonde que de simples illustrations fait entre deux heures de cours. « Faute partagée, alors.» autant vite enterrer cette chute, et l'oublier plus loin, bien plus loin dans sa conscience. Mais reste qu'il veut des réponses, bien plus qu'il n'y paraît, après tout, il n'est pas assez mal élevé pour donner l'impression de se mêler de ce qu'il ne le regarde pas.
« Neil. Enchanté, alors.» Un nouvel élève, sans aucun doute, car le préfet est tout de même assez connu des autres élèves - que ce soit pour de bonnes, ou de mauvaises raisons.
Et puis, il se bloque. Un œil apparaît sur le front du garçon, et c'est comme si le monde d'Orion s'écroule. Il a l'impression d'y retrouver son reflet, de s'y voir. Il n'est pas seul - il le sais, mais voir quelqu'un subir ces visions si personnelles, en temps réel, c'est si ...incroyable. Et triste ; parce qu'il sait qu'il n'est pas le seul à subir cette malédiction, à se détruire à petit feu sous le poids d'une magie dévastatrice. « Tu...» son masque tombe, tout comme sa bouche, qui s'étire dans un petit "o". Il a envie de lui raconter toute ces misères, de partager toutes les peines que cette particularité lui a apportée, tout ce qu'elle a détruit.
Et pourtant, il a peur d'avouer cette faille a quelqu'un d'autre. Sa curiosité le fait succomber, mais sa honte un peu plus. Puis, soudain, la peur de ce que Neil a pu voir - même si ses souvenirs n'ont pas forcément rien de spécial, ou d'intéressant. À ses yeux, en tout cas. Tant que ça ne concerne pas ses propres visions. Tant que Neil ne le voit pas enfant, en train de se battre avec toutes ces images qu'il ne comprenait pas. Finalement, Orion choisis le mensonge. C’est bien plus facile. Et il lâche cette main, qui semble le vider de son âme, le fouiller de l'intérieur.
Sa voix se fait plus calme, il reprend un rôle, dans la discrétion. Parce qu'il connaît la honte, le secret. Sans le savoir, il renvoie toute ces émotions négatives vers Neil. Ça lui semble inconcevable d'apprécier ces visions, de vivre avec, de s'accepter d'exister parmi ces images de futurs et de passé. « Tu es...un médium, n'est-ce pas? J'ai... J'ai déjà vu ça, en cours. Peut-être que tu veux t'asseoir ? Et ... J'espère que tu n'as rien vu de trop personnel, haha...ha...» Son rire deviens vite jaune, mais il ne sait pas ce qu'il fait. Il veut tellement réduire ce fossé, en parler à quelqu'un d'autre, mais...mais c'est trop dur, il est incapable d’avouer ce secret, car ça le rend un peu plus réel.
Il fait tout du moins attention à ne pas effleurer de nouveau cette peau acajou, comme si elle est toxique, corrosive. De forcer les distances, même si ça le fait souffrir, pour ne pas détruire son isolement bien trop confortable. « Tu...as vu quoi en particulier ? Si tu veux bien me raconter. Enfin...tu n'es pas obligé, évidemment. » Mais fait le, par pitié. Sur ses derniers mots, il force son visage à peindre un sourire, pour ne pas détruire le beau tableau qu'il essaie de mettre en place. Il ne sait pas comment il doit se comporter, il perd le contrôle et il déteste profondément ça. La prochaine fois, il ira lire dans sa chambre, coupé du monde extérieur et de tout ses éléments incontrôlables.
Nénuphar
Neil F. Morgan
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Lun 7 Oct 2024 - 2:03
What’s mine is also yours — Ft. Orion
Alors que le contact de la paume du gamin devant lui quitte sa paume, Neil tenta de reprendre son souffle, de revenir dans ce monde qui n’était pas conçu d’égnimes visuelles représentant des choses que le jeune New Jersiais ne connaissaient pas et qu’il ne voulait pas nécessairement savoir. Mais tel était le cadeau que lui avait fait la vie et dans les quartiers modestes-pauvres du New Jersey, tu t’adaptes ou tu coules. Le gamin avait décidé de s’adapter à ces fenêtres sur une autre réalité.
La respiration rapide, le souffle toujours court, il ne fait que fixer Orion, hésitant entre rester, parler ou fuir, même si la fuite serait assez idiot dans cette académie. Il était plus facile de fuir dans une grande métropole où la chance de croiser de nouveau quelqu’un est plus faible que dans une école spécialisée avec des dortoirs.
Puis, des mots dits avec hésitation se firent entendre de la part de l’élève bien habillé. Des mots qui firent pousser un soupir de soulagement à l’enfant à la peau brunâtre qui se laissa tomber au sol, continuant de chercher un rythme respiratoire plus calme, plus lent.
- Oui… Je suis… medium…
Il prend une respiration.
- Je ne sais… pas si c’est… personnelle ou non…
Son souffle se fit plus calme, moins rapide. Il reprenait le contrôle de ce corps qui aimait lui jouer de vilain tour. Il attrapa un bouteille d’eau près de ses effets à croquis, la vidant d’une seule traite.
- Je vais bien. C’est juste un peu déconcertant au début, mais ce n’est pas dangereux pour toi.
Dans ce retour à la vie normale, Neil ne remarqua pas la distanciation légère ni le sentiment d’angoisse profond d’Orion. Il ne voyait que la surface qu’il venait de tenter de soulager, d'amoindrir en évoquant le caractère inoffensif des visions. La demande de l’autre élève sur sa vision le surprit un peu. En même temps, dans un endroit où c’était connu, il était peut-être courant de poser cette question de la part de celui qui avait causé la dite vision.
- Je peux te le raconter si tu veux, mais je doute que tu comprennes quelque chose. Mes visions ne sont pas comme celles des autres… Enfin, elles montrent des éléments du passé ou du futur, mais sous forme de fresque mêlant plusieurs éléments. Je préfèrerais te le montrer sous forme de croquis si tu veux bien patienter.
À peine venait-il de dire cela que le garçon aux cheveux crépus attrapa son carnet, le mit sur une nouvelle page vierge et muni d’un crayon de plomb à la pointe aiguisée, se mit à esquisser les formes principales de sa vision. Après deux minutes, il était déjà possible de voir la femme, la cage et les deux corbeaux. Lentement, les détails et les éléments de décors prenaient place sur le papier qui se noircissait sous le plomb qui s’étendait. En tout peut-être que 10 minutes venaient de passer lorsqu’il offrit aux yeux d’Orion le résultat de son croqui en noir et blanc. Comme d’ordinaire, il nettoyerait les contours et mettrait les couleurs dans les prochains jours.
- Voilà à peu près ce que j’ai vu… Il manque des détails, mais c’est le gros de la vision. Je ne sais pas si tu y trouveras quelque chose d’important ou d’intéressant…
Il le sentait un peu au fond de lui que montrer l’illustration à une autre personne, celle qui avait généré la vision l’angoissait un peu. Il avait peur que l’autre individu ne se fâche ou vive des émotions que Neil ne serait pas capable de gérer.