Compte rendu de psychiatrie du : 01/08/2024.
Patient·e : Basileus Lilium
Sexe : M
Date de Naissance : 19.01.1987
Né·e à : New York, États-Unis
Nationalité : Américaine
Début des consultations : 1er Avril 2017

Chers confrères, chères consœurs,

En raison de ma prise de retraite anticipée, je vous envoie le compte rendu de mon patient Basileus Lilium dans l’attente qu’il continue sa thérapie aussi longtemps qu’il en ressentira le besoin.

Dans ce courrier sera compilé le plus important des notes prises à son sujet depuis 2017.

Bien à vous,

Dr. Arsen Nick.

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Avril 2017 :
Antécédents : Hystérectomie après la découverte de la présence d’un utérus chez le patient, malgré des organes sexuels externes masculins. Ce dernier se plaignait de douleurs intenses dans le bas-ventre et a dû être opéré pour soulager ces dernières.

Rendez-vous avec un spécialiste en psychiatrie obligatoire, selon la procédure.

Le patient semble agité, nerveux. Son sommeil n’est pas calme, il a des terreurs nocturnes et se plaint d’un sommeil atroce. Il est difficile de savoir si cela est dû à un potentiel traumatisme lié à son opération où s’il s’agit de son état de sommeil habituel. Il reste en observation le temps de sa convalescence.

Aucun antécédent psychiatrique.

Le patient se lave plusieurs fois par jour et refuse l’aide des aides-soignant·e·s. Il semble plus hostile à l'égard des femmes soignantes.

De nombreuses traces de mutilations ont été observées durant son opération. Notamment sur les membres supérieurs et inférieurs. Je suis dans l’obligation de le suivre quelques temps, aux vues de son état psychologique qui paraît instable.

Juin 2017 :
Le patient est professeur documentaliste - ou bibliothécaire scolaire, selon la préférence de terminologie. Il semble aimer son travail, puisqu’il y est retourné dès qu’il s’est remis physiquement.

Je lui ai demandé de me parler de son enfance. Il m’a ri au nez. Je n’ai rien appris de spécial.

Août 2017 :
Le patient est hospitalisé. Il a fait une tentative de suicide. Il ne se souvient de rien concernant la soirée de son passage à l’acte. Il n’accepte pas de parler pour le moment.
Un traitement lui est administré pour l’apaiser. Il l’accepte bien qu’il soit réticent. Sa santé est mauvaise et il a de nombreuses carences à cause d’une alimentation trop pauvre.

Septembre 2017 :
Le patient commence à s’ouvrir. Il dort mieux et mange à nouveau suffisamment, grâce à ses traitements.

Il explique qu’il se sent sale, constamment. Qu’il a l'impression de "pourrir de l’intérieur" et que "quelque chose le ronge".

Je propose à nouveau de parler de son parcours de vie, ce qu’il accepte, avec toujours une certaine réticence.

Janvier 2018 :
L’état du patient est à nouveau stable, il est autorisé à reprendre son activité habituelle.

Compilations des notes prises durant ces quatre derniers mois de consultation hebdomadaires :

Le patient est né de l’union d’un soir d’une mère Non-Mage New-Yorkaise et d’un père Mage originaire d'Espagne, enseignant la Magie Élémentaire à l'Académie Helianthus de 1989 à 2009. Lorsque la jeune femme seulement âgée de 17 ans apprit que son amant appartenait au monde magique, elle l'a chassé. Elle lui cacha qu’elle était enceinte et rompit tout contact avec ce dernier. Elle voyait en lui le Mal incarné. Elle refusa d’avorter pour des raisons personnelles et religieuses, bien qu’elle ne soit pas en capacité d’élever un enfant.

Évoluant vers le fanatisme religieux, la mère du patient l’éleva dans un appartement miteux et insalubre. Il dormait dans une pièce sans lumière, ni chauffage, humide et trop petite. Il était souvent forcé de veiller et de lire des textes religieux jusqu'à très tard pour se repentir, dès qu’il faisait une bêtise, aussi infime soit-elle.

Régulièrement insulté, frappé et humilié, le patient s’est rapidement réfugié dans la lecture. Il était un élève studieux et sérieux, mais ne parvenait pas à socialiser avec les autres enfants. Il était souvent moqué et humilié en raison de son éducation religieuse très stricte.

Vers ses dix ans, ses premières preuves de potentiel magique sont apparues. D’abord, les portes de sa salle de classe claquèrent. Ensuite, quelques feuilles s’envolèrent, alors qu’il n’y avait pas de vent. Les événements de ce type furent nombreux, et certains élèves pensèrent que le jeune Basileus était possédé par un démon. Lorsque cette information entra dans l’oreille de sa mère, le jeune garçon subit beaucoup de coups et blessures de la part de sa propre mère. Il se retrouva à l’hôpital pour de multiples fractures. Sa mère a prétendu qu’il s’agissait de voyous, et le garçon ne contredit pas sa mère. Elle lui donna régulièrement des anxiolytiques par la suite, pensant que ça réfrénerait son potentiel.

Durant son séjour à l’hôpital, un homme lui rendit visite. Son potentiel magique ayant été repéré, un professeur de Magie Élémentaire vint lui apporter une lettre d’admission à l’Académie Helianthus. Cet homme n’était autre que son père, apprenant de fait qu’il avait un fils quelques jours plus tôt, qui lui ressemblait presque comme deux gouttes d’eau se ressemblent. Sauf que la plus petite des deux gouttes d’eau était frêle, malnutrie et brisée. Le père du jeune homme lui promit de s’occuper de lui du mieux qu’il le pourrait, s’il le rejoignait à l’Académie et venait y vivre. Le jeune garçon avait des étoiles plein les yeux. Il voulait fuir sa vie actuelle, ne plus revoir celle qui le maltraitait. Cependant, les lois étaient claires. Elle était son seul parent. Elle avait tous les droits sur lui.

Le père de Basileus falsifia la lettre de l’Académie pour la faire passer pour une lettre d’admission dans un illustre collège du Royaume-Uni. Après tout, le garçon avait de très bons résultats.

Le compromis avait été trouvé. Sa mère avait vu là le moyen d’exploiter son fils. Il ne serait plus dans ses pattes, et il serait capable de lui rapporter de l’argent, lorsqu’il serait diplômé. Le patient me précisa qu’elle était assez stupide pour avaler des couleuvres et donc croire qu’une école privée pouvait être gratuite. Le patient use de beaucoup de cynisme.


Le patient ne mentionne pas vraiment sa scolarité. Il n’a pas beaucoup d’amis et reste assez solitaire durant cette période. Pour autant, il a pris plaisir à son enseignement et a pu se rapprocher de son père, tout en revenant chez sa mère durant les vacances d’Hiver et d’Été jusqu’à sa majorité où il cessa de le faire.


Le patient a décidé de changer son nom de famille pour celui de son père à l’âge de 18 ans. Lorsque sa mère apprit que le jeune homme était en relation avec son père depuis tout ce temps sans qu’elle ne le sache, elle envoya de nombreuses menaces et de lettres de chantage. Le patient, tout de même inquiété par l’état de santé de sa génitrice, est revenu régulièrement la voir, même s’il fut physiquement blessé à chaque fois.

Un jour, elle est allée trop loin. Le patient n’arrive pas encore à en parler. Il est préférable de lui laisser le temps.

Mars 2019 :
Le patient m’apprend que sa mère a tenté de l’assassiner il y a deux ans et demi, six mois avant son hystérectomie. Il n’a pas été gravement blessé, contrairement à sa mère qui s’est ensuite jetée de la fenêtre, se blessant gravement. Elle est hospitalisée en psychiatrie depuis lors. Elle présente des troubles délirants, bien qu’elle fasse mention de faits réels en lien avec la magie. Elle est également atteinte de fanatisme religieux et de troubles de la personnalité sévères. Il y a fort à parier qu’elle a également en horreur les Mages et les associe avec l'engeance du Mal.

Juillet 2020 :
Le patient va mieux. Son traitement est diminué de moitié depuis le début des consultations. Il est atteint de dépression chronique qu’il parvient à gérer de mieux en mieux. Il est également atteint de mysophobie et autres troubles associés. L’évolution de ces troubles est à surveiller en priorité.

Janvier 2022 :
Le patient avoue qu’il est responsable de la chute de sa mère, et qu’elle n’a pas tenté de se suicider. Il a utilisé sa magie pour la propulser par la fenêtre. Il se sent coupable. Aucune preuve irréfutable ne permet d’établir s’il l’a réellement fait. Ainsi, il est innocent aux yeux de la loi. Dans le pire des cas, il s'agissait de légitime défense. Nous sommes tenus au secret médical, quoiqu’il en soit.

Juillet 2024 :
La mère du patient s’est suicidée. Le patient se sent soulagé et libéré d’un poids, bien qu’il se sente mal de penser ainsi. Il n’a pas l’air particulièrement en deuil. Il était sous emprise psychologique, d'une certaine manière. Il semble perturbé et n’a pas encore accepté les nouvelles. Il assistera à ses funérailles à New York dans une semaine.